« On ne profite pas des années qu’on attendait le plus » - Claire, Bloc 1 UNamur

Comme de nombreux étudiants, Claire n’imaginait pas sa première année d’étude seule dans son kot à écouter ses professeurs par visioconférence. Il y a un an jour pour jour, avec ses amis de rhéto, cette étudiante originaire de Charleroi s’impatientait de découvrir l’ambiance des études supérieures. Celle-ci étant tellement différente de celle des bancs de l’école secondaire.

Pendant des années, elle avait écouté les discours de son frère et de sa sœur, déjà passés par l’étape des études universitaires. Une chose était sûre, être étudiante allait être une expérience super ! 

Au début de l’année 2020, sa dernière année d’humanité se remplissait de divers projets et activités comme la préparation du concours de médecine, la participation au voyage et au bal rhéto, la joie d’un été avec toute la bande de potes avant le grand saut vers une nouvelle vie.

 

De la rhéto à la première année

Durant le premier confinement, Claire s’est plutôt recentrée sur sa famille et son désir de devenir médecin. « Pour l’école, je n’ai pas beaucoup travaillé », dit-elle en rigolant. « J’ai juste fait quelques travaux et j’ai suivi les cours de math en visioconférence ».

Ce premier confinement a également suscité en elle de nouveaux loisirs et des changements pour l’avenir. « J’étais fatiguée de ma rhéto qui était très prenante. Ca m’a fait du bien de me reposer. Ca m’a montré que mes proches me manquaient fort. » Mais pas seulement, explique la jeune fille.

« J’ai pris du temps pour des choses que je ne ferais pas dans la vie de tous les jours. J’ai fait beaucoup de sport et j’ai profité de la nature, au lieu de m’occuper sur les réseaux sociaux. » 

 

                                               "Quand tu es en première année, tu es un peu lâché dans la mer avec un petit radeau."

 Claire - 18 ans

 

« J’ai directement enchainé sur la première année »

Après avoir passé la session de rattrapage de l’examen d’entrée en septembre, la jeune aspirante en médecine apprend qu’elle a échoué. Coup dur pour elle. En urgence, Claire s’inscrit en première bac à l’UNamur dans la filière Biomédicale, son deuxième choix. Contente d’entamer ses études supérieures, l’étudiante sent pourtant qu’elle n’a pas vécu la transition entre les études secondaires et les études supérieures.

« Rater l’examen d’entrée était un échec qui a été un peu dur à accepter. À cause du covid, les dates du concours ont été reportées en août et septembre. Je n’ai donc pas pu profiter du déconfinement en été parce que j’étudiais. Après les résultats du concours, j’ai directement enchainé sur la première année à l’université, sans réellement de pause. En plus, quand tu es en première année, tu es un peu lâché, comme ça, dans la mer avec un petit radeau. La transition n’est pas évidente, avec le covid c’est encore pire », explique Claire.

 

« Personne n’est là pour nous expliquer »

Lors de la rentrée, les différents établissements supérieurs se sont adaptés à la crise sanitaire et ont décidé de passer en code orange. Les activités estudiantines étaient dès lors annulées mais les cours se donnaient en présentiel pour la moitié de la classe de Claire, c’est-à-dire une semaine sur deux. Malgré les distanciations sociales et le port du masque obligatoire, l’étudiante en Biomédicale était contente d’aller en auditoire. Pendant quelques semaines, elle a pu rencontrer quelques personnes et créer des liens. 

Mais depuis le 2 novembre tous les cours se donnent à distance. Pour les cours théoriques, Claire ne se fait pas de souci, mais elle se pose des questions sur les matières où il y a beaucoup de  pratique : « Pour les travaux pratiques, on est livrés à nous-même car on ne sait pas reproduire les expériences qu’on voit en vidéo. On n’a pas les professeurs, ni les assistants pour nous aider et répondre à nos questions ».

 

 
Une situation compliquée

Si les cours sont difficiles à suivre, ce sont les relations sociales qui manquent le plus à l’étudiante de première année. "Les étudiants se sentent moins enfermés que lors du premier confinement mais on ne peut pas sortir le soir", explique Claire. "En plus, on doit faire attention à la famille quand on revient le week-end." 

En effet, avec des parents travaillant dans un hôpital en tant qu’infirmiers, Claire a rapidement compris que la situation sanitaire était dramatique. Au sein de son foyer, les gestes barrières se sont imposés naturellement, parfois difficilement pour la jeune fille. « Lors du premier confinement, je ne pouvais plus les approcher. Début mars, ma maman a contracté le covid et on ne pouvait ni s’embrasser, ni se câliner. On mangeait même à distance. J’avais besoin de gestes affectifs mais on ne pouvait pas. Ce n’était pas très gai ». Depuis le début de la crise, Claire ne voit plus ses grands-parents et une partie de sa famille. Tant bien que mal, elle essaye de respecter les consignes pour préserver les siens mais également elle-même. "Il faut être solidaire mais avec mes amis, on a l'impression qu'on ne profite pas des années qu'on attendait le plus", ajoute-t-elle la voix un peu triste.

 

Rester positif

Cependant, Claire voit l'avenir positivement et s'accroche à son rêve de devenir médecin. "Dans mon caractère, je déteste ne pas faire ce que je dois faire, donc je suis correctement mes cours et je reste positive. On a entendu de bonnes nouvelles avec le vaccin et il y a moyen que ce soit bientôt fini. On aura perdu peut-être une ou deux années de nos vies mais ça nous aura appris beaucoup de choses", conclut la jeune aspirante médecin.